Voici une remarque qu’on entend souvent de la part des râleurs qui rechignent à donner leur argent aux commerçants musulmans : ils vendent trop cher ! Ils se font de l’argent sur notre dos ! Ils profitent de nos besoins et exploitent notre dépendance !

Alors j’ai voulu vous exposer l’avis de la Législation islamique en ce qui concerne la fixation des prix et le profit.

Sachez tout d’abord qu’aucun texte dans le Coran ni dans la Sounna authentique ni dans la législation des quatre califes ne règlemente le montant toléré pour le bénéfice commercial, exception faite des denrées de première nécessité en période de pénurie. Il en ressort que ce qui doit fixer les prix c’est la règle de l’offre et de la demande tant que l’on est dans des conditions normales.

On peut aisément comprendre pourquoi Le Législateur n’a pas fixé un taux unique pour les bénéfices commerciaux. La diversité des marchandises mais aussi des modes de production et de ventes rend impossible une uniformisation des profits. Cela conduirait à une injustice flagrante. Imaginez que les bénéfices sur les matières premières soit les mêmes que sur des produits modifiés. Trois mètres de tissu se vendraient au même prix qu’une robe haute couture sans tenir compte la plus-value obtenue par sa transformation. Un grossiste ferait le même bénéfice qu’un détaillant sans prendre en considération les avantages que présente la vente en gros… et les exemples sont encore nombreux…

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Pas de taux imposé donc par notre belle Législation. La fixation des prix a été laissée aux consciences de nos commerçants et aux exigences du marché. C’est là où les visions s’opposent parfois, entre ceux qui voudraient que les marchands musulmans fassent sadaqa de leurs marchandises et les nouveaux capitalistes musulmans qui voudraient que rien ne leur dicte ce qu’ils ont à faire avec leur chiffre d’affaire, pas même leur éthique.

Pour soutenir que le profit est licite et même encouragé, on pourra vous citer le hadith de ‘Ourwa, à qui le Prophète sws avait confié un dinar pour qu’il lui achète une brebis. A force d’habileté commerciale, il était revenu vers le Prophète sws avec la brebis et le dinar, expliquant qu’il avait acheté une brebis avec le dinar du Prophète sws puis qu’il l’avait revendue 2 dinars avant de retourner acheter une autre brebis à 1 dinar. Cela avait fait sourire le Prophète sws qui invoqua Allah en sa faveur, et ce bien qu’il réalisât un profit équivalent à 100 % de l’investissement.

Plus que ça, à la mort de son illustre père, Abdallah ibn Zoubayr avait vendu une terre pour l’équivalent de 9 fois son prix d’achat afin de combler les dettes laissées par son père. Il avait réalisé cette prouesse en divisant le terrain en petit lopins, certains ayant une plus grande valeur que d’autres au vue des caractéristiques de la terre, de leur emplacement… Et aussi, car les gens, connaissant la raison pour laquelle il vendait cette terre, ont décidé de ne pas trop négocier et ont de bon cœur payé un prix relativement élevé.

Mais qu’on ne vous y trompe pas ! Ceci ne veut pas dire que les profits exorbitants sont la règle en matière de commerce islamique. Ce serait plutôt l’inverse. En observant la tradition des compagnons et des prédécesseurs dans ce domaine, on se rend compte que leur maitre mot était plutôt « Al-Qana’a », la satisfaction dans le peu de profit qu’ils tiraient et la conviction d’Allah bénira le prix peu élevé. Ils savaient que le bas-monde s’offre à ceux qui ne le convoitent guère.

Leur vie était beaucoup plus simple et modeste que la nôtre. Nombreux étaient ceux qui s’estimaient riches lorsqu’ils revenaient du marché à la fin de la journée avec une outre de lait suffisant à rassasier leur famille. Mais pour autant, ceux dont le commerce était fleurissant n’étaient pas considérés comme des rapaces profiteurs mais plutôt comme des gens bénis, doués dans leur domaine.

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En résumé, le profit n’a rien de blâmable en Islam, il est même le but recherché par tout un chacun lorsqu’on se lance dans une activité commerciale. Il n’a de limites que celles que lui impose l’éthique musulmane :

  • ne pas provenir de marchandises illicites,
  • ne pas être obtenu par tromperie,
  • ne pas résulter d’une transaction avec un client qui n’avait aucune idée des prix pratiqués sur le marché
  • ne pas avoir rusé pour avoir un monopole et forcer les gens à acheter à un prix démesuré
  • ne pas s’être mis d’accord avec d’autres commerçants pour pratiquer une hausse des prix injustifiée.

Si tout est fait dans les règles et que la transaction est scellée avec le consentement mutuel des deux parties, le profit est licite et béni !

Arrêtons donc de juger nos frères et sœurs musulmans qui essaient de gagner leur vie librement et dignement et prenons plutôt en considération toutes les contraintes qu’ils doivent braver pour jouir de cette liberté et nous offrir la possibilité d’acheter dans des enseignes musulmanes !

Comme toujours, le secret de la prospérité de la communauté musulmane réside dans l’équilibre et le juste milieu dans l’attitude des deux protagonistes : commerçant ET consommateur ! Comme disait le Prophète sws : « Qu’Allah fasse miséricorde à qui se montre souple lorsqu’il vend et souple lorsqu’il achète ! » En d’autres termes, le consommateur qui veut payer un prix indécemment bas n’est pas préférable au commerçant qui vent à un prix indécemment élevé. La baraka se trouve dans le juste milieu ! Qu’Allah nous permette de l’atteindre!

 

Hamayssim

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