‘’Dis-leur : Œuvrez car Allah appréciera votre œuvre ainsi que Son Prophète et les croyants.’’[i]
A travers ce verset coranique Allah exhorte les croyants à œuvrer. Certains ont une vision réductrice de cette recommandation. Il n’est pas uniquement question de multiplier les prières et les actes de dévotion, mais bel et bien d’œuvrer à la construction d’un monde meilleur.
Les musulmans vivants dans les pays occidentaux pensent parfois que ce commandement ne les concerne pas. Que le religieux pour eux se vit dans la sphère privée, en marge de cette société qui ne partage pas leurs valeurs, ne les comprend pas toujours, les rejette même parfois. Qu’ils méditent cette parabole de notre Prophète Mohammed sws : ‘’L’image de celui qui respecte les limites d’Allah et de celui qui les transgresse est celle d’un groupe de personnes ayant tiré au sort leur place sur un bateau. A certains revint le pont et à d’autres la cale. Ceux qui logeaient dans la cale étaient contraints de passer par le pont pour puiser l’eau de la rivière. Ils se dirent : ‘’Si nous faisions un trou dans la partie qui nous revient, nous cesserions de déranger nos voisins du dessus.’’ S’ils les laissent réaliser ce désir, c’est leur perte à tous ! Et s’ils les en empêchent c’est leur salut à tous ! ‘’
Cette métaphore nous fait prendre conscience que nul ne peut vivre dans une bulle et se soustraire à la société dans laquelle il vit, quand bien même il s’y sentirait différent, marginal, exclu. Le salut et la prospérité des musulmans passent par le salut et la prospérité de leur société. N’en déplaise à certains prédicateurs qui apprennent aux jeunes musulmans à cracher dans la soupe de laquelle ils mangent, cultivant les frustrations au lieu de les changer en hargne productive !
Quel meilleur exemple pour étayer notre propos que celui du Prophète Youssouf (que la paix soit sur lui) ! Cet enfant que ses frères ont jalousé au point de vouloir sa mort, n’ayant commis pour seule offense que le fait d’être né d’une mère différente. Finalement jeté dans un puits, en proie à la faim, la soif, la solitude et la peur. Recueilli par des gens peu scrupuleux, vendu aux enchères comme esclave. Abusé par la femme qui l’avait recueilli et traité comme un fils. Envoyé en prison par celui qu’il considérait comme son père adoptif afin de préserver la réputation de sa femme… Qui serait plus en droit que lui d’être révolté, en colère !? Qui plus que lui pourrait en vouloir à la société !? Si on donnait son profil à des psychologues aujourd’hui ils verraient sans doute en son histoire de vie tous les éléments nécessaires à la formation d’un sociopathe ! Et pourtant…. Lorsqu’après des années d’oublis en prison on se finit par se souvenir de lui par intérêt ; lorsque le roi eut besoin de ses talents d’interprète des songes et le sollicita, il saisit cette chance de se servir son pays, ne laissant aucune place à la rancune ni à la vengeance. Non seulement il interpréta le rêve annonçant une famine de sept ans, mais il apporta aussi une solution : un plan économique sur quinze ans assurant à ses compatriotes de passer ces années difficiles à l’abri du besoin, fussent-ils d’une religion différente, fussent-ils de mœurs différentes…
C’est ainsi qu’à force de sincérité, le noble Prophète Youssouf fut propulsé du fin fond d’un cachot à la place honorifique de ministre de l’économie d’un qui ne partageait pas sa foi.
Qu’Allah nous accorde de suivre les traces de ce modèle de productivité dans le chemin qu’il emprunta pour servir le Créateur en servant Ses créatures.
[i] Sourate Le Repentir, verset 105.
Hamayssim