Dans un précédent article, nous avons traité le rapport de musulman à l’argent, l’exhortant à adopter une position médiane, celle du juste milieu entre l’amour inconditionné et le renoncement total.
Cette semaine, pour aller plus loin dans notre réflexion, nous avons choisi de vous exposer la classification de l’Imam Al-Ghazaly. Pour lui, les hommes peuvent être classés en trois catégories en fonction de leur rapport à l’argent : les forts, les faibles et les moyens !
Ce concept trinaire est issu d’un verset coranique de la sourate Fatir où Allah dit : « Ensuite Nous fîmes héritiers du Livre ceux de nos serviteurs que Nous avons élus. Il en est parmi eux qui se font du tort à eux-mêmes, d’autres qui se tiennent sur une voix médiane et d’autres qui, avec la permission d’Allah, devancent tous les autres par leurs bonnes œuvres ; telle est la grâce infinie. »
Dans ce verset, Allah parle de notre communauté qu’Il a choisie pour porter Sa noble Parole et ce qu’elle renferme comme enseignements et recommandations. Puis, Il nous apprend que nous ne recevons pas tous ces recommandations de la même façon, nous ne les exécutons pas tous avec le même engouement.
- Les premiers se causent du tort à eux-mêmes en les négligeant, se privant des bienfaits dont regorge tout acte méritoire et s’exposant au courroux divin qui accompagne toute désobéissance.
- Les seconds adoptent une attitude modérée. Ils accomplissent les obligations, se détournent des interdits cependant ils peuvent de temps à autres commettre des actions reprouvées et délaisser les œuvres méritoires non imposées.
- Puis il y a ceux qu’Allah appellent les pionniers, les précurseurs : ceux que l’on retrouve toujours dans les devants ; ceux qui se précipitent à l’accomplissement des bonnes actions et n’en négligent aucune, aussi minime soit-elle
L’Imam Al-Ghazali nous dit donc que cette règle s’applique aussi à notre comportement face à l’argent. Il rappelle que les dépenses dans les bonnes œuvres sont un pilier de notre Religion. En effet, le bien-être et l’équilibre de notre société et notamment des plus démunis dépend de ces dépenses. Mais pas seulement… Nos dépenses sont un bon instrument pour mesurer notre Amour pour Allah swt. Les êtres humains ont amour naturel et inné de l’argent alors que l’amour d’Allah est une obligation religieuse. Deux amours s’affrontent donc pour gagner le cœur des croyants. La façon dont ils dépensent leur argent est un indice palpable de cette lutte spirituelle. Aussi, il te suffit de faire tes comptes et voir combien tu as dépensé dans le sentier d’Allah et combien tu as dépensé au service de ton nefs pour savoir lequel tu as décidé de faire régner sur ton cœur !
Sache pour finir que les faibles pour l’Imam Al-Ghazaly ne sont pas ceux qui ne paient pas leur zakat. Non, ceux-là sont disqualifiés d’office, hors concours ! Les faibles sont ceux qui se restreignent à ne payer que la zakat, oubliant que Sadaqa (l’aumône libre) est un devoir même s’il n’a pas été quantifié et que chacun peut une faire aumône quand il le souhaite, du montant qu’il souhaite. Il nous exhorte à dépasser cette catégorie et à nous efforcer de donner plus que l’obligatoire car ne donner que ce que l’on doit est la limite qui nous sépare de l’avarice mais cela ne fait pas de nous des généreux.
Ainsi, j’adresse à mes lecteurs le même conseil qu’Abu Hamid adressa aux siens : Si l’idée d’être considéré par ton Seigneur comme un avare te répugne, tâche de ne pas laisser un jour se passer sans y faire une aumône, ne serait-ce qu’un euro ou même qu’un morceau de pain ! Et si tu vois que cela est au-dessus de tes moyens, alors rappelle-toi que les aumônes ne sont pas toutes financières ! Les bonnes paroles, les sourires, les bons conseils… sont autant de belles actions qui peuvent t’être comptées comme des aumônes !
J’aimerais qu’en conclusion, chacun se pose la question suivante : lequel des trois aimerais-je être ?!
Hamayssim