Nous avons tous entendu parler de cet illustre compagnon : il fait partie des précurseurs, ceux que le Coran louent en ces termes : « as-sabiqoun al-awwaloun », ceux qui ont devancé tout le monde dans la foi, et donc, dans le mérite. Il est aussi un des dix promis au Paradis. Sa sincérité, son dévouement et ses sacrifices pour la Cause d’Allah ont fait de lui un modèle pour les croyants.
Mais pour l’heure, c’est un tout autre sujet que nous souhaitons traiter ! Savez-vous que ce compagnon était l’un des plus béni dans les affaires ? Tout lui souriait ! Au point qu’on disait de lui que s’il soulevait une pierre, il trouverait surement de l’or en dessous. Quels sont les secrets de sa réussite ? Comment suivre ses traces dans la voie du succès commercial et de la prospérité financière ? Dans de précédents articles, nous vous avons déjà livré quelques clés de façon théorique, voici des cas pratiques tirés de sa vie !
Faire preuve de dignité et de s’en remettre à Allah :
Abder-Rahman ibn ‘Awf était un Mecquois qui, comme tous ses frères qui s’étaient converti tôt à l’Islam avait beaucoup souffert des persécutions de son peuple. Il avait effectué les deux émigrations vers l’Abyssinie pour fuir ces persécutions. Puis, lorsqu’il apprit que le Prophète (Paix et bénédictions d’Allah sur lui) avait trouvé refuge à Médine, il décida de le rejoindre. C’est donc à trois reprises que cet illustre compagnon quitta tout dans le sentier d’Allah. Il arriva donc à Médine ne possédant presque rien. Le Prophète (Paix et bénédictions d’Allah sur lui), conscient des difficultés économiques qu’allaient rencontrer les Mouhajirin avait eu recours à la fraternisation des Ansars et des Mouhajirin. Ainsi chaque médinois prenait en charge un mecquois. Il fit de Sa’d ibn Raby’ le frère d’Abder-Rahman. Sa’d eut à son égard un comportement qui fit de lui un modèle de générosité dont chacun se rappelle encore aujourd’hui. « J’ai deux jardins, lui dit-il, choisis celui que tu préfères. Et j’ai deux épouses, regarde-les. Je divorcerai celle qui te plait afin que tu l’épouses après sa période de viduité. » Abder-Rahman eut alors à son tour un comportement exemplaire, faisait preuve de dignité et de contentement. « Qu’Allah te bénisse, ainsi que ta famille et ta richesse. Repondit-il. Indique-moi plutôt ou se trouve le marché. » On lui indiqua le marché des Banou Qaynouqa’. Il en revint avec des provisions et du beurre. Il y retourna chaque jour jusqu’à ce qu’il ait amassé assez d’argent pour se marier. Il rencontra le Prophète (Paix et bénédictions d’Allah sur lui) qui, remarquant qu’il sentait le parfum, lui demanda : « Songes-tu à te marier ? » Il répondit qu’il venait de le faire. Le Prophète (Paix et bénédictions d’Allah sur lui) lui demanda alors quelle dot il avait pu offrir à son épouse, ce à quoi il répondit : « cinq dirham. » Ce qui pour l’époque était une somme assez conséquente.
Il est donc l’illustration parfaite de la Parole d’Allah : « Quiconque s’en remet à Allah, Allah lui suffit. » Il a saisi la main que lui tendait son frère Sa’d en acceptant son hospitalité et ses conseils, mais il n’en a pas abusé et a préféré acquérir sa subsistance par ses propres moyens, sachant que comme l’a indiqué le Prophète (Paix et bénédictions d’Allah sur lui) : « L’être humain ne peut manger meilleure nourriture que celle acquise par ses propres moyens. »[1] Il est le parfait exemple et la preuve de la véracité de la parole du Prophète (Paix et bénédictions d’Allah sur lui) : « Celui qui se montre digne, Allah lui accorde de l’être, et celui qui demande à ne pas dépendre des autres, Allah l’enrichira. »[2]
Se montrer reconnaissant
Voici un verset qui n’avait pas échappé à nos prédécesseurs : « Si vous vous montrer reconnaissants, Nous augmenterons sur vous notre Grace. » Telle est la Promesse d’Allah pour Ses serviteurs qui dépensent pour Sa cause sans compter et sans craindre l’amoindrissement de leurs richesses. Voici le deuxième secret de la réussite d’Abder-Rahman ibn ‘Awf… aussi difficile que cela puisse sembler à nos esprits cartésiens et matérialistes. Ainsi, à diverses occasions, on rapporte les sommes colossales offertes par Abder-Rahman : des centaines de montures pour les campagnes militaires du Prophète, des milliers de dirhams pour les pauvres, les nécessiteux… Au point qu’un jour ou le Prophète (Paix et bénédictions d’Allah sur lui) en avait fait appel à la générosité des musulmans, Omar ibn Al-Khattab s’était offusqué : « J’ai vu Abder-Rahman commettre une grande faute ! Il n’a rien laissé à sa famille. » Il avait en effet donné ce jour-là l’équivalent de 8000 dirhams. Le Prophète (Paix et bénédictions d’Allah sur lui) lui demanda alors : Qu’as-tu laissé à ta famille ? Espérant qu’une réponse évasive lui suffirait, Abder-Rahman rétorqua : Je leur ai laissé plus et meilleur que ce que j’ai dépensé. Mais le Prophète (Paix et bénédictions d’Allah sur lui) insista et lui demanda : « Que leur as-tu donc laissé ? » Ce à quoi il répondit : « Ce qu’Allah et Son Messager leur ont promis comme subsistance et récompense (pour leur patience). » Devant tant de renoncement, le Prophète (Paix et bénédictions d’Allah sur lui) accepta son don.
Chaque fois, Abder-Rahman ibn ‘Awf dépensait sans compter et chaque fois Allah lui remplaçait par meilleur. Et ce, même après la mort du Prophète (Paix et bénédictions d’Allah sur lui). Abder-Rahman ne revint pas sur ses engagements et sa générosité ne diminua point. Il prit en charge la famille du Messager (Paix et bénédictions d’Allah sur lui) et veilla à ce que ses épouses ne manquent de rien.
On dit que c’est lui qui assurait l’approvisionnement de Médine : important ce qui manquait et exportant l’excédent. Il marqua les esprits de chacun le jour où il y fit entrer une caravane de 700 chameaux. Les badots s’attroupèrent pour voir quelles richesses pouvaient contenir une telle caravane. Au point que le brouhaha parvint aux oreilles de la Mère des Croyants Aicha. Alors qu’elle s’enquerrait pour savoir d’où venait tant d’agitation, elle s’étonna qu’une caravane puisse susciter tant d’intérêt. On lui apprit alors qu’il s’agissait d’une caravane immense appartenant à Abder-Rahman ibn ‘Awf. Elle se remémora alors le hadith dans lequel le Prophète (Paix et bénédictions d’Allah sur lui) lui fit l’annonce de son entrée au Paradis. On répéta les paroles de Aicha à Abder-Rahman. Bien qu’il eut entendu ce hadith des dizaines de fois, il fut ému comme si c’était la première. En signe de gratitude envers son Seigneur, il fit aumône de tout ce que transportait la caravane. Il organisa une grande fête et y distribua toutes ses marchandises… Le travail de toute une saison… Envolé me direz-vous ? Disons plutôt épargné… Auprès d’Allah qui est le plus prompt à faire les comptes !
[1] Hadith authentique rapporté par Al-Boukhary.
[2] Hadith authentique rapporté par Al-Boukhary et Mouslim.
Hamayssim